Dessin illustré d'un texte de Lucie Vole

L'oiseau du matin qui me tire de mon rêve, c'est le truc à vidanges, et l'adrénaline d'un éclair de remords en repensant à l'abominable sac caché dans une poubelle.. 

J'ouvre les yeux. Il y a un nid d'araignée dans un coin du plafond. Je tends le cou. Ce cou est vide, coup perdu.

Si j'avais un bouton pour qu'on m'éteigne, ce serait un bon moment pour appuyer dessus. J'adorerais ça.

Dehors, il pleut. Il pleut tout le temps. C'est pas le printemps, c'est le pleutemps. 

Je coule du lit jusqu'au bain, où j'aime bien me réveiller en me savonnant tranquillement, tout tranquillement.

C'est une image pour me rassurer, je ne puis plus prendre de bain seule, j'attends l'autre en vainc ! Viens.

Je vois les traces du temps laissées sur moi : un vrai cheminement, quelles routes et déroutes en moi… 

Ils disent que le temps n'a pas laissé son empreinte sur moi, mais dans ma tête si vous saviez le travail !

Faut que je ficelle mes pieds bien fort, je m'enroule encore plus fort et doucement autour de cette lien. Elle sent bon le cheval.

J'ai un corps distendu, éperdu, faut que je fasse avec le gosse larmoyant un truc de dingue, il aimera c'est certain.

Il jouerait avec mes nichons, un fil par ci, un fil par là, mais faut pas qu'il me les crève, je lui crèverais les yeux tranquillement.

C'est un peu comme si mon âme manquait d'expansion, un peu aussi comme si elle en prenait, dingue non ?

J'ai le corps qui est devenu mou, attaché à plein de liens, une vraie marionnette, vous voyez quoi vous les savants de rien, savants de je ne sais quoi.

Ces ficelles, ces toiles qui me retiennent, cette folie qui me gagne et ces points sans repère : j'adore, je n'aurais été capable de faire plus fort.

Un peu comme quand les mots manquent pour décrire le parfait, existe -t-il réellement ce point parfait ?

Je n'y crois plus, je n'en crois rien, tout est subjectif, tout est rien.

Je traîne partout, je ne suis pas une trainée, j'aime glander, je ne suis pas un gland, vous me comprenez ?

Et pendant ce temps des enfants faits de mille chairs et os, se composent au rythme du temps, ça dure des mois comme ça.

J'ai gardé la taille fine, les épaules ouvertes, l'estomac plein de rien, et mes seins emplis de lait pour qui veut y téter.

Ma tête vous suit, des méandres ne vous inquiétez pas : elle adore.

Sachez que je garde tout de mon équilibre sur ce très fin fil de Chine.