Métaphysique de la chair ou les entrailles du merveilleux

 

Si la peinture de Jean-Marie Salanié s'inscrit incontestablement dans la généalogie du tragique, elle atteint pour moi un genre nouveau qui par sa singularité, la distingue d'une figuration expressionniste en général.

Ici l'artiste est résolument tourné vers une quête incessante : celle d'une vision.C'est à dire, d'une révélation visuelle qui prend sa source dans la mortification des chairs.Non pas celle du corps visible dans la totalité de son enveloppe charnelle mais plutôt, celle moins convenue des entrailles. Ici nous sommes dans l'en dedans du corps,dans la plaie béante de nos peurs, dans les viscères polychromes qui s'exposent à travers les splendeurs du drame et de la tragédie. Au premier regard, nous avons l'impression d'être les témoins d'un art divinatoire comme celui des haruspices antiques où l'on se livrait à l'interprétation des entrailles d'un animal sacrifié.Il y a une sorte d'écriture dans cette chair picturale qui se métamorphose sous les coups répétés, les sollicitudes et les assauts du geste créateur.

L'oeuvre de Salanié est une mantique onirique où les accidents et les repentirs sont autant de blessures dans une bataille dénuée de tout soutien. Elle n'est pas chargée d'une complaisance morbide, elle est une condamnation de la mort elle même et l'artiste la met en demeure de lui apporter une réponse comme si, en exhibant ce chaos de chair il voulait en extraire un souffle de vie.

 

F.M-L Rusconi